FOUGÈRE

FOUGERE

- Mais tu n’as pas ta place ici, Fougère, personne ne t’a jamais vu porter de fleurs !
- Certes la nature, considérant que la fleur ne m’était pas consubstantielle m’a dépourvue de cette qualité. Mais je possède un art unique, celui du déploiement, qui en vaut bien d’autres.
- Et en quoi cet art revêt-il quelqu’intérêt ?
- Regarde la manière dont je déroule mes feuilles. Je les déplie au matin comme une danseuse prête à embrasser le jour. Nulle vanité dans mon geste, nulle tension. Je n’ai pas de futur, puisque pas de fleur. Je n’ai pas de passé puisque je renais chaque année, totalement nouvelle. Je suis entièrement dans le présent du geste que tu vois, dans le déroulement de chacune de mes feuilles, pleinement présente à leur découverte de la lumière, des bruits de la forêt, de l’air et des odeurs de sous-bois qu’il transporte. L’art du déploiement n’est autre que l’art d’être présent à ce qui cherche à grandir, juste être là, de la manière la plus juste.