NYMPHEA
- “Elle est ce que je porte de plus achevé”, murmure l’eau à l’oreille du sage, penché sur le bassin.
- Ma vie durant, j’ai tenté d’épouser sa pureté, répond le sage. Elle ouvre chaque matin ses pétales dans la lumière pour les refermer le soir dans la tranquillité, indifférente à tout ce qui se passe sous la surface. Nulle boue ne l’entache.
- Vois-tu, ajoute l’eau, je sais être la source bruissante, la cascade bondissante, je sais faire tourner la roue des moulins, parcourir les plaines et inonder les deltas. Je sais porter les bateaux et faire naître des îles. Mais c’est auprès d’elle que je me sais la plus vivante. Lorsque le vent fait friser ma surface, je la sens comme une caresse se mouvoir sur mes vagues. A l’opposé de tout ce qui va sur l’eau, elle reste, immobile.
Auprès d’elle, je trouve le repos.
Elle est ma fleur.
La fleur de l’eau.