BOURGEON DE PIN

Avant que règne l’arbre en majesté, il y aura eu le bourgeon, puis la fleur, et enfin la graine. La graine et sa rencontre avec une terre accueillante que les racines auront tôt fait de fouiller tandis que le germe pointait vers le haut.   
Tout commence donc par un bourgeon. Alors que la lumière est encore faible au cœur de l’hiver, il est là dans les entrailles de l’arbre à attendre son heure. Timide, encore chétif, il ne pense qu’à la branche qu’il va devoir atteindre pour porter sa fleur à la lumière. Tout en lui l’appelle à sa tâche, celle de renouveler la vie.
Puis arrive le grand jour de la migration vers les extrémités de l’arbre. Ils sont nombreux à jouer des coudes pour se placer aux endroits les mieux exposés. Il n’aura  qu’une place au soleil couchant, mais assez haute cependant pour bénéficier des fins de journées encore chaudes et lumineuses.  
Il tient sa fleur devant lui. Il la présente au soleil comme un calice. Elle est son prolongement, sa raison de vivre. Il sait que la pollinisation fera d’elle un lieu où grandira un embryon qui s’échappera. Celui-ci prendra alors le nom de graine et le vent l’emportera.
Lui deviendra lourd d’un poids devenu inutile. Il chutera légèrement sur un tapis d’aiguilles. Il aura pris le nom de pomme avant de se retrouver dans la main d’un enfant qui l’aura trouvé beau, avec ses écailles ouvertes en forme de cône. Cette même main le posera parmi des jouets et le dessinera un jour sur un cahier d’école. Il se réjouira alors d’une vie si riche et bien remplie avant de retourner à la terre, par la cheminée.