Le déjà-la
Le déjà-là n’est pas une manifestation du temps comme les autres.
Il n’a que faire du temps d’ailleurs qu’il traverse effrontément
Il est là où on ne l’attend pas, même si certains le pressentent.
Dans le sourire du nouveau né est déjà celui du père ou de la mère,
dans le germe est déjà l’arbre tout entier,
dans le geste du tailleur de pierre est déjà la cathédrale.
Pour apprendre à le reconnaître, il faut plus que de l’attention,
il faut un savoir digne de celui du braconnier
car le déjà-là ne se laisse pas apprivoiser facilement.
Il se cache au creux de tout ce qui est appelé à devenir.
Il est racine plus que feuillage, sève plutôt que fruit.
C’est dans le silence que se révèle sa présence.
Le deviner entrouvre les portes du ciel.
Comment ne pas se sentir porté par ce déjà-là
qui est pour chacun fenêtre sur le sacré ?
Dans la soif de paix réside déjà l’unité,
dans l’appétit de justice réside déjà la vérité,
dans l’aspiration à aimer réside déjà l’éternité.