RONCE

Publié le par Denis

RONCE

Certains disent que l'enfer est tapissé de mes épines. 

Pourtant, j'étais bien née, d'une famille connue, appréciée, les rosacées qui ont donné de grand noms de la botanique. 
Que m'est-il arrivé ? Qu'ai je fait pour en arriver là?
Cette petite fille, qui l'autre soir s'est dressée sur la pointe des pieds pour cueillir mes baies, je n'ai pu m'empêcher de griffer ses jambes et de déchirer sa robe. 
Pourquoi la méchanceté s'est elle emparée de moi? 
J'étais à mes débuts, pourtant, une fleur à la blancheur virginale que rien ne prédestinait à la malveillance. 
Qu'ai-je fait pour devenir ce temple où les épines célèbrent leurs méfaits en se coiffant du sang des vivants. 
Pourquoi le mal m'habite-t-il? 
Sa désespérance était telle qu'elle en vint à émouvoir l'ange qui s'approcha et lui dit :
" Le mal est le bien en formation, mais pas encore prêt." *
Sa perplexité laissa vite place à un réel intérêt et elle se laissa enseigner par ce dialogue avec l'ange. Elle perçut sa tâche et se sentie dès lors investie d'un rôle précis dans la grande chaîne des plantes herbacées, avec ses baies et ses épines. 

* extrait du livre "Dialogues avec l'ange" paru chez Aubier

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Publié dans Fleurs

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B
Peut-être pour inviter les gourmands enpressés à un peu de retenue et leur permettre de saliver pour goûter leur baies alléchantes!
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D
Oui, Bernard, la petite fille s'en souvient encore. Elle a appris la retenue mais se demande encore pourquoi les épines l'ont griffée. La présence du mal est la grande quand même.