BRUYERE
Chère bruyère,
Je t'écris pour t'exprimer ma gratitude. Toutes les fleurs la méritent vas-tu objecter car toutes servent la beauté. Certes, mais très peu ont fait le choix, comme toi, de ne pas s'élever.
Ainsi tu peux tapisser les forêts, égayer les landes et porter tes couleurs jusqu'à des altitudes ou peu s'aventurent. Est-ce par humilité que tu as choisi les terrains pauvres ou par goût de la sobriété ? Peut-être est-ce eux qui t'ont choisie, d'ailleurs, parce que tu te contentes du peu qu'ils ont à te donner. Et pourtant, ces clochettes qui dépassent à peine ton feuillage, outre qu'elles savent se vêtir comme des princesses, concentrent des bienfaits que tu dispenses généreusement aux malades.
Chère bruyère, comment te remercier d'être celle que tu es, fragile mais résistante, belle sans ostentation, empreinte d'une douce et apaisante sollicitude.
Que ces quelques mots, bredouillés comme à l'oreille d'une femme, sachent te dire combien tu es unique et précieuse.