LISERON
- Mais c’est une mauvaise herbe !
- Mauvaise, qu’entendez-vous par là ?
- Que c’est une plante envahissante dont chaque jardinier sait les méfaits et cherche à se débarrasser.
- Entendez-vous qu’elle n’aurait jamais dû exister ?
- Je ne dis pas ça, mais… qu’elle reste sur les haies sauvages, à l’écart des lieux domestiqués dont elle ne respecte pas les sages alignements !
- Savez-vous combien elle souffre de son image, savez-vous qu’il lui faut des racines plus profondes et de feuilles plus nombreuses que les autres plantes pour faire naître une seule fleur immaculée sur ses tiges volubiles. Savez vous que cette fleur, avec sa forme de trompe aux pétales accolés, est la perfection même ? Savez-vous que si cette plante s’aventure sur les terres sarclées, c’est qu’elle y trouve, comme les autres plantes de culture, des conditions plus propices à son épanouissement. Être cultivée lui serait-il interdit ?
J’observais un silence, car, parlant d’une plante, me venaient alors les images de nos bonnes villes cherchant à se protéger des mauvaises graines de banlieues, ainsi que celles des jardiniers bien mis de leur personne, cherchant à ostraciser ceux qui marchent sur des plates-bandes qu’il considèrent comme les leurs.
Y a-t-il des mauvaises herbes ?