Dactyle
Vous objecterez, avec raison, qu'il y a une coquille dans ce récit sur les fleurs.
Certes, mais comprenez qu'il me soit impossible de l'enlever, ne serait-ce que par respect pour la pudeur de l'escargot.
Ce n'est cependant pas la raison majeure. Un escargot pris dans une position équivoque avec une fleur, c'est assurément peu banal. Et si c'était une coquille de la nature ? J'invoque le droit à l'erreur, pour elle aussi et me garderai au nom d'un naturalisme jusqu'au boutiste de corriger ce qui peut paraître choquant.
Mais allons plus loin. Si ce n'était pas une coquille ? Si l'escargot avait fait tout ce chemin, enduré les pires vicissitudes après avoir décidé de tout quitter d'un monde stable et rassurant, pour se hisser jusqu'à l'objet de son désir, à la merci du premier coup de vent comme du museau rapeux du premier bovin passant par là, je vous le demande, me laisseriez-vous, lecteur exigent mais humain, commettre ce geste irréparable de séparer ce qui semble naturellement uni, au nom d'une conception littéraire qui ne souffre pas les coquilles ?
Je connais la réponse, car je vous connais un peu pour partager avec vous le sens de la beauté et de la nature.
Laissons-là la fleur batifoler avec son visiteur d'un matin.
Et puis qui vous dit qu'il n'est pas en train de la manger ?
Il y a des doutes qu'il vaut mieux ne pas soulever, des mystères qu'il est préférable de laisser entier, des coquilles qu'il faut se garder de supprimer.