Le coquelicot

Ce rouge éclatant qui illumine les bordures des chemins, ne croyez pas qu'il ait été de soi. Je l'ai obtenu de haute lutte, m'étant vu opposer que j'étais destiné aux lieux pauvres et caillouteux. Jamais une reine n'aurait à porter le regard sur un parterre de coquelicots. 

J'ai défendu qu'au contraire les gens de peu qui habitent ces lieux, à l'écart, ont besoin d'égayer leurs jours et que je pourrai y contribuer, à ma mesure. 
Après d'après négociations où il était question de tenir sa condition en ne s'affichant pas avec la couleur prévue pour les dignitaires, j'obtins ce rouge en acceptant de porter une robe fripée qui ne pourra égaler celle des roses et autres nobles consœurs. Je consentis également à ne pas me tenir dans vase ni à exhaler un quelconque parfum. 
Ainsi suis-je devenu populaire, tout en restant de basse condition, donnant même ma couleur aux révolutions qui de par le monde renversent les dignitaires.