L'aube
S'il arrive au pèlerin de rester muet, c'est parfois par choix, mais parfois c'est parce qu'il n'a pas de mots pour nommer ce dont il est témoin.
Tôt encore pour les hommes, mais à l'heure convenue, la terre se prépare à recevoir le soleil pour des noces de sang qu'ils vont célébrer dans le ciel. Ce moment, invariable depuis que la terre est terre, est le prétexte au jour, qui ne pourrait exister sans ce rite barbare.
Le soleil envoie d'abord au ciel des roses qui deviennent de plus en plus intenses à mesure qu'il s'approche. La terre jusque là ne cille pas et s'en pare jusqu'en son extrémité.
Le soleil devient pressant et lui adresse des bouquets de jaune qui virent à l'orange. La terre vite les cache dans les nuages.
Puis arrive l'instant, que les hommes savent calculer précisément, où le dard du soleil vient pénétrer tous les voiles dont la terre s'est parée.
Elle est prête alors à donner naissance au jour, un jour nouveau, car jamais ces noces ne s'accomplissent ni au même moment ni de la même manière.
Leon, le 15 juin 2016.
Toute ma gratitude aux frères capucins qui ont fait de l'hôtellerie de leur monastère un lieu idéal pour une étape dans cette ville très attachante aux rues colorées, où les palais anciens ont chacun une place à leurs pieds et où la Cathédrale domine de toute sa splendeur les murailles et les âmes.