En rase campagne
C'est là, Gisèle, sur cette via Calzada Romana, longue bande taillée dans une lande déserte et sauvage, entrecoupée de maigres récoltes, que le sol s'est dérobé sous tes pieds et que ton corps a chancelé. Comme pour d'autres avant toi, la croix fichée en terre rappelle aux pèlerins que certains ne sont pas allés au bout de ce chemin là.
Ce n'est plus ce ciel de laine sur cette terre ocre gorgée d'eau, que tu vois,
Ce ne sont plus les effluves du thym en fleurs mêlés à ceux du fenouil sauvage que tu sens,
Ce n'est plus le vent courbant les avoines et faisant virevolter la poussière que tu entends,
C'est peut être plus encore que cela. Ou peut-être est-ce ce rien qui est tout.
J'ai posé un caillou sur le monticule au bord du chemin et j'ai poursuivi, tentant d'imaginer le moment où tes yeux se sont fermés sur ton rêve. D'autres vont le poursuivre, dans une chaîne dont je me suis senti un anonyme maillon, foulant un sol à nul autre pareil.
Manzilla de las Mulas, le 14 juin 2016.
Tous mes remerciements à Laura et à sa maman qui tiennent avec une bonne humeur qu'elles savent partager l'albergue municipale, remplie ce soir là de jeunes de tous les pays, faisant cuisine et chahut communs, mais pas plus tard que 10h, comme le veut la tradition dans toutes les albergues. Certains étaient malgré tout levés à 4h du matin pour marcher de nuit à la frontale et voir le jour se lever à l'arrivée sur Leon.