L'accueil pèlerin

L'accueil pèlerin 

Il en est de grands, il en est de modestes. 
Il en est de propres et de moins propres, 
de bien équipés et de très simples. 
Et tous ont en commun de vous accueillir tel que vous êtes, tout suant et puant, les pieds à l'agonie, le dos endolori, mais heureux. 
Vous avez atteint le graal pour ce soir après les petites ou les grandes adversités que le jour vous a réservées, ce même jour qui vous a ébloui de sa lumière sur les étendues à perte de vue comme sur la plus modeste fleur croisée. 
L'accueil vous offre de quoi vous remettre sur pied pour le lendemain, une douche, une bassine pour la lessive, un repas, un lit, une couverture. Dans les plus nobles, vous serez servis comme des princes. Dans les plus humbles, une simple feuille vous accueillera sur laquelle sont tracés ces simples mots : servez-vous. De l'eau en bouteilles, des pâtes, de la sauce en boîte se retrouveront à chauffer dans l'unique casserole. Et ce sera un délice agrémenté parfois d'un saucisson ou d'un demi concombre laissé par l'occupant précédent. 
L'accueil en lui-même serait bien pauvre s'il n'avait pour le faire vivre les bienveillantes et les bienveillants, qu'ils soient présents le soir ou viennent dans leur temps libre, le garnir et le nettoyer. 
Le plus souvent une boîte percée d'une fente comme l'étaient nos cochons d'autrefois, recevra le ou les billets que votre conscience vous aura suggéré d'y glisser car elle sait le prix des choses. 
Le matin vous repartirez avec une immense gratitude et des jambes neuves, l'esprit détendu, prêt à affronter les parties délicates qu'emprunte le chemin. 

Et certains hôtes chez qui vous aurez eu toutes ces attentions, à votre départ vous diront encore merci.