Les presque-riens du Tout
Ils n'existent que par la présence de quelques particules s'agitant dans du vide.
Ils répondent à une information qui leur est propre, mélange de hasard et de nécessité.
Ils se meuvent dans le temps et dans l'espace et sont fixes pourtant.
Ils varient suivant le regard que l'observateur porte sur eux.
Les presque-riens ne sont pas rien, ni même trois fois rien. Ils sont. Sinon on n'en parlerait pas.
Ils sont partis de rien, de ce rien qui était. - ou plutôt qui n'était pas -, avant que n'advienne quelque chose, que ce moins que rien ne donne naissance à la matière.
Mais, déjà dans ce moins que rien était le Tout.
Savait-il, ce Tout, ce qu'il allait advenir de tout ça, c'est-à-dire de ce presque-rien en propension? Tout juste peut-on deviner qu'il y avait un désir au départ de tout ça.
Un désir qu'il y ait quelque chose plutôt que rien.
Mais ça ne suffit pas ! Pour que le rien devienne quelque chose, il fallait l'animer, lui donner un souffle.
Et voilà comment le rien devint presque-rien, inséparable du Tout, puisqu'il doit tout au souffle qui l'habite.
Et ce presque rien à commencé à se propager dans le vide tout en restant uni au Tout. Et ça s'est appelé l'uni-vers.
Sont nées alors des myriades de formes, toutes plus singulières les unes que les autres, suivant la manière de s'unir qu'ont choisie ces presque-riens.
Certains sont devenus étoiles, d'autres ont pris l'option d’être gaz ou gouttes d'eau ou cristaux ou grains de lumière.
Certains, allez savoir comment, ont un jour trouvé le moyen de se reproduire, débutant l'aventure incroyable d'un presque-rien qui tend vers le Tout.
Ça se passe dans un endroit de l’Univers, grand comme une tête d'épingle, beau comme un tableau de Vermeer.
Là, est venu à des presque-riens la conscience qu'ils n’étaient pas rien.
De là à se prendre pour le Tout, il n'y a qu'un pas que certains n'hésitent pas à franchir, des vauriens.
Car l'aventure n'est pas de se prendre pour le Tout, mais de s'éprendre du Tout puisqu'il est le souffle premier.
C'est pour ça que l'amour existe et avec lui la beauté qui nous apprend à aimer, et avec lui la bonté qui nous permet de l'exercer jusque dans les petits riens.
C'est quand même incroyable ce sentiment que plus nous réalisons que nous sommes presque-rien, plus nous nous sentons proche du Tout.
C'est que le souffle, loin de s'imposer reste infinitésimal,
un presque-rien à qui nous devons tout.