La Branche et l’oiseau - VII

Publié le par Denis

La Branche et l’oiseau - VII

L’oiseau s’en va à la ville trouver une pitance 
qu’on lui promet en abondance et dit adieu à la branche
malgré ses mises en garde, elle qui avait ouï dire
par d’autres oiseaux que la ville était impitoyable.

Il s’attable à la terrasse du premier café
et trouve tout le pain dont il avait rêvé
puis volète vers une branche hospitalière
où se poser afin d’y trouver un repos mérité. 

Maintes fois dérangé par les sirènes et les cris
chaque fois, de peur, il doit s’envoler vers un autre abri.
Fuyant sans cesse le danger il finit dans un trou de boulin 
d’une maison ancienne qui sent le moisi et la vieille fiente. 

Un plus gros que lui qui lorgnait sa place le chasse. 
Un plus malin s’arroge la niche qu’il voyait comme un refuge.
Il se retrouve sur le trottoir d’une rue mal famée à grelotter 
et à regretter la branche où il vivait parmi les siens. 

Le prix de l’abondance lui semble bien exagéré.
S’il faut, pour se l’approprier, dominer ses frères
se garder du danger et défendre son bien plus que son âme
je préfère, se convainc-t-il, la sobriété à la satiété. 

Le pain à volonté est certes un luxe désirable
mais s’il faut pour cela renoncer à la douceur de vivre
je préfère le balancement dolent de ma branche
et les quelques graines que je finis toujours par trouver.

Ayant ainsi longuement médité sur la profusion et ses travers
il s’en retourne en sa paisible contrée vers sa branche, 
laquelle l’accueille avec ses jeunes rameaux de l’année, fleuris
se gardant d’émettre aucun jugement sur ce jeune oiseau contrit. 

 

Publié dans 'poétie'

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