La branche et l’oiseau - VII

Publié le par Denis

photo : Joseba Garcia Moya

photo : Joseba Garcia Moya

Une branche se lamente de ne pouvoir accueillir d’oiseaux.
Chaque fois que l’un s’aventure à vouloir s’y poser, 
Il repart, effrayé par les épines qui la couvrent. 

Or c’est à ses épines que la branche doit sa survie
qui la préservent de la langue des herbivores
et retiennent l’eau lorsque l’été rougeoie. 

Elle se sait accueillante pourtant envers l’araignée
le puceron, l’abeille, et voit bien le malin colibri
sucer le nectar de ses fleurs sans se poser. 

Comment concilier épines et désir d’oiseaux, 
comment me protéger en m’ouvrant à l’autre
se demande-t-elle, alors que l’hiver s’attarde ? 

Le printemps la découvre tentant de décourager,
sur les nouveaux rameaux, les jeunes épines de pousser
arguant de sa capacité à tenir seule face à l’adversité.  

Un premier oiseau s’y pose puis un second
étonnés de voir cet arbrisseau d’ordinaire peu sociable
proposer à leurs pattes une surface lisse et avenante. 

Il se dit dans l’entourage que la plante s’est amendée, 
qu’elle aurait renoncé définitivement à ses défenses
par goût de l’autre, par un sincère désir d’être aimée. 

Elle l’aima bien et la trouva même fort à son goût 
la chèvre, qui goulûment l’avala, 
lui faisant regretter amèrement d’avoir renoncé à sa nature.    

Son amie de toujours se gardant bien de changer la sienne
vécut longtemps, se faisant aimer de ceux qui d’elle
appréciaient ses qualités tout en respectant ses épines.  

 

Publié dans 'poétie'

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