La branche et l’oiseau - VI

Publié le par Denis

Photo : Jesus Esteban San José

Photo : Jesus Esteban San José

La branche et l’oiseau devisent un soir d’été
pour savoir qui des deux a le meilleur sort. 

La branche avance qu’elle est nourrie par l’arbre
sans avoir souci de quérir son manger quotidien.

L’oiseau vante ses ailes qui le portent deci-delà
vers les mets variés qu’il a tout aise de choisir.

La branche dit le bon plaisir qu’elle a de porter des fruits
et l’oiseau celui de voir le premier vol des ses oisillons.

Ayant ainsi épuisé tous les bienfaits liés à leur nature
ils en viennent à convenir également des limites. 

La branche avoue qu’elle aimerait connaître le monde
et l’oiseau qu’il aspire à une vie moins soumise aux aléas,

la branche qu’elle craque pour les petits dans leur nid
et l’oiseau confesse, lui, qu’il aime les fleurs.

Voilà qu’ils se retrouvent à envier le sort de l’autre
eux qui avaient pris tant de soin à vanter le leur. 

Et la tristesse insidieusement les aurait gagnés
si la foudre soudaine sous l’orage ne les avait frappés.

Ils se retrouvent, l’oiseau tout esbaudi, la branche noircie
à se relever de ce fracas, s’étonnant d’être encore en vie. 

Cet étonnement les gagne jusqu’à la pointe de leur âme
et leur ouvre les portes d’une douce et apaisante plénitude 

où leur vie leur apparaît comme un mystère à chérir
et où les comble la nature propre qu’elle leur avait destinée. 

 

Publié dans 'poétie'

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