La branche et l’oiseau - naissance
La branche est encore nue lorsque les premiers bourgeons
s'apprêtent à éclore sous un timide soleil.
L’automne l’a dépouillée de tout apparat
pour la préparer au dur et implacable gel de l’hiver.
L’oiseau de son côté avait fui la morsure du froid, à tire d’aile
Il s’était réfugié sous de plus clémentes latitudes
avant de revenir par le même chemin d’altitude
sur cette branche même où avaient grandi ses petits.
Il n’a pas retrouvé le nid à la croisée des rameaux
Le vent sans doute l’a chassé et a dispersé ses plumes.
Ils se retrouvent donc tous deux, la branche et l’oiseau
au seuil du printemps et tout est à refaire.
Croyez-vous qu’ils aient renoncé à tout recommencement ?
Croyez-vous qu’ils aient ne serait-ce que caressé l’idée d’abdiquer?
Comment le pourraient-ils puisqu’ils sont de sève et de sang,
que les parcourt ce flux montueux apparu avec l’éclosion de la vie.
Naître, croître, engendrer, nourrir, se reposer et renaître,
voilà la joyeuse tâche, voilà le cycle éternel du vivant
qui les dépasse et dans lequel ils sont inscrits
sans que le découragement ni la peur ne puisse les en écarter.
Les bourgeons écloront à nouveau sur la branche
ainsi que les oisillons dans le nid refait et retapissé de plumes.
Il en est ainsi depuis que la vie a choisi la naissance
pour l’ouvrir à la diversité, à la beauté, à l'élévation.
Elle a dû s’inscrire dans le temps, se plier au temps
La vie, pour faire l’expérience de l’harmonie et du beau.
Elle qui avait l’éternité devant elle a dû s’allier
à la naissance et la mort pour connaître l’amour.
Celui que porte en eux les bourgeons pour la lumière
celui que les oisillons portent déjà au vent qui va les faire voler
celui que la terre tout entière porte à ceux qui l’habitent
celui que nous portons, qui nous anime et nous oblige.