La branche et l'oiseau - IX
- Comment te viennent les fleurs, demande l’oiseau ?
- Du désir, répond la branche, du seul désir de l’arbre
dont je suis le prolongement et dont je porte les fruits.
- Mais dis-moi, ajoute l’oiseau, d’où vient le désir de l’arbre ?
- De la terre, sans doute aucun, de la terre qui se sait nourricière
et ne pourrait pas vivre sans porter des plantes et des arbres.
- Et toi, comment te vient cette progéniture au nid que je porte ?
- Du désir, répond l’oiseau, du mien et de celui d’un autre
qui s’ajoute au mien et sans lequel je suis stérile.
- Mais dis-moi, ajoute la branche, qui est cet autre dont tu parles ?
- Celui que le ciel m’envoie et qui avec moi devient un autre
afin que le ciel soit toujours peuplé d’ailes et de chants d’oiseaux.
- Mais si n’existons que par le seul désir de la terre et du ciel,
imaginons que cesse ce désir : que deviendrions-nous ?
se demandent ces deux alors que l’astre de la nuit étend son ombre sur eux.
- Rien que de la poussière attendant un nouveau souffle !
leur glisse la lune, attentive à l’essoufflement de sa mère, la terre.
La lune, qui secoue la tête en nous voyant faire toutes nos bêtises.