Tempus fugit
Il était précisément midi lorsque les nuages s'écartèrent pour laisser le soleil venir rendre visite à son ami le cadran solaire. Sur son mur crépi, couleur vieux rose, le cadran attendait depuis le matin.
Il faut dire qu'il n'est pas facile de devoir à un autre que soi son utilité. Il a beau être solaire, le cadran ne peut indiquer l'heure du jour tout seul. Il a beau avoir de magnifiques chiffres romains gravés dans sa pierre tendre, si le soleil ne se montre, l'ombre de l’aiguille n'existe pas, et sans cette ombre fragile, qui parfois se devine, le cadran ne remplit pas sa fonction.
Est ce à dire qu'il ne sert à rien ? Peut être pas, car le sculpteur à pris soin de graver également ces mots : TEMPUS FUGIT
Ainsi lorsque le jour est sombre et que l'aiguille désespère d'indiquer un quelconque chiffre, le cadran propose son tempus fugit aux regards qui se posent sur lui. Certains n'en font cas, mais d'autres alors s'arrêtent et laissent les minutes s’écouler en eux comme le sable dans le sablier. Ils éprouvent comme il est bon de se sentir exister, de sentir pleinement le moment présent. Car dans ces instants de petite éternité, le passé n'est plus et l'avenir n’est pas encore.
À toutes les cloches, à toutes les horloges et autres pendules qui donnent l'heure à coup sûr et parfois bruyamment, le cadran répond par son silence, mais un silence qui en dit long sur le temps, le temps qui passe.