Autels
Autels, que n'a-t-on sacrifié sur votre table ?
Des animaux y ont versé leur sang,
des vies y ont été anéanties,
Des idéaux s'y sont brisés.
C'est une manie de l'homme que de vous dresser là où il a besoin de sanctifier autant que de profaner, d'élever autant que d'abaisser.
Sur votre table on trouve aussi bien de la nourriture pour dieux que des restes d'holocaustes ou d’idées surannées, et un peu de ce qui aura été adoré puis tué.
Chaque culte naissant invente son autel. Le profit à le sien sur lequel s'échouent des vies. La patrie n'est pas en reste, qui est grande consommatrice de chairs et d'âmes dévouées.
Autels érigés dans les forêts comme dans les temples, au coin des rues ou dans les têtes, que ne dites vous votre lassitude d'être pris pour ce que vous n'êtes pas, le lieu du sacrifice.
Il est temps pour vous de montrer, à ceux qui souhaitent encore laver par le sang, que le sacrifice n'opère plus, fusse-t-il symbolique. Que la vie qui est éternelle n'a jamais eu besoin de la mort pour se régénérer. Que c'est la matière seule qui la réclame.
Autels, vous pouvez migrer vers le dedans, là où vous êtes présence plus que forme, là où l'œil intérieur peut vous contempler dans la paix du coeur. De là peut rayonner la force qui vous habite, celle que les anciens ont tenté de traduire à l'extérieur par la pierre ou le bois ou la terre.
Autels, vous pouvez vous reposer et dire votre soif d'être aimés plus qu'adorés, car c'est par l'amour que vous existez.
Autels, vous êtes l'amour même autour duquel la chair se tient comme le chœur d'une église.