Les deux sourires
Leurs deux sourires ne s'effaceront plus. La pierre en a gardé la mémoire.
Dans la vie, il est difficile d'aimer pour toujours, mais dans la pierre, il est facile de sourire pour toujours.
Comme ils devaient être bons pour avoir inspiré au bâtisseur de faire reposer le chœur de sa chapelle sur leurs deux sourires. Lui d'un côté, elle de l'autre, unis dans un regard apaisé convergeant vers le point de lumière à l'aplomb du clocher, disent combien ils se sont aimés.
On ne peut garder un tel sourire pour la vie si on ne s'est pas aimés. Et s'ils se sont aimés, ils ont aimé les autres. Et les autres le leur ont bien rendu, pour la vie.
La vie qui transparaît dans cette humble chapelle au point que des hirondelles ont fait leur nid sur sa tête à lui – elles n'ont pas osé sur sa coiffe à elle, Dieu sait pourquoi.
Et les petits oisillons qui piaillent nous parlent de ce qu'engendre le sourire, de la vie aimante et généreuse qui les fera s'envoler un jour.
Pourvu que la porte reste ouverte !
Ne fermez pas la porte des chapelles, ni celle de votre visage. Des sourires comme des oisillons ne demandent qu'à aller vers les autres comme le leur, à ces deux là, est allé vers moi un matin dans cette humble chapelle.