L’arbre qui ne s’élevait pas droit
à tous ceux qui ont l'impression d'avoir poussé de travers.
Ne dites pas à l’arbre
qu’il penche.
Il pourrait tomber.
Jeune, comme vous, il rêvait de s’élancer,
rectiligne, tel qu’en lui-même
l’appel se faisait entendre
Et la vie en a décidé autrement.
Elle est bizarre la vie !
qui lui a fait prendre ce biais
Il ne s’attendait pas à ce coup de vent
qui l’a plié une première fois
comme roseau sur l’eau.
Il ne s’était pas relevé totalement
qu’une autre gifle le surprit
l’amenant presqu’à terre.
Mais il a résisté, l’arbre,
de toutes ses racines
et de tout son poids d’espérance.
Incliné, il poursuit sa route
et nourrit des branches nouvelles
s’élevant droit vers le ciel
Que lui importe l’angle de son tronc
tant que ses racines le porteront.
Seules comptent les jeunes feuilles.
Droit ou penché, qu'importe,
tant qu’en lui-même perdure, intact
l’élan vers la verticalité.
Tant qu’en lui coule une brûlante sève
puisée au plus profond de la terre,
il sait qu’il accomplit sa tâche.
Sa fragilité, il ne vous l’avouera pas.
Il sait trop qu’un rien le blesse
Il sait trop sa différence.
Ne dites pas à l’arbre
qu’il penche.
Il pourrait tomber.