Ce que permettent les larmes
Je voudrais être le sel qui se cache dans les larmes pour les suivre tout au long de leur existence.
Je voudrais voir le lieu où elles s’originent et participer de ce qui donne vie à ces deux petites sources au fond des yeux.
Je voudrais être là au moment où les rires deviennent si cristallins qu’ils se transforment en pures larmes de joie.
Je voudrais être là quand le vase du chagrin se brise et libère son bataillon de larmes pour noyer les douleurs.
Je voudrais me glisser dans ces ruisseaux lacrymaux qui lavent les départs, les échecs, les effondrements, les deuils.
Je voudrais être du jaillissement brutal émanant de corps, qui exultent tant que leurs yeux, soudain, débordent.
Je voudrais entrouvrir la porte des larmes secrètes qui ne sortent de leur chambre qu’après le départ des convives.
Je voudrais leur rendre justice parce qu'elles rendent aux forts leur faiblesse et aux faibles leur force.
Je voudrais me mêler à elles, à celles qui tachent l’encre des lettres d’amour comme à celles qui arrosent les tombes.
Je voudrais suivre celles qui baignent les amants retrouvés et celles qui inondent le lit des destins tragiques
Je voudrais voir ce qu’elles ont permis à d'autres de voir, de la plus haute joie à la plus profonde détresse.
Je voudrais les suivre jusque dans cette vallée de larmes où il est dit que l’amour triomphe de la douleur et de la mort.
Je voudrais recueillir les larmes qui ont fait ce voyage là, pour y tremper mon cœur et mon âme et ma plume.