La vie, la mort
Ce que la mort m’a dit de la vie, n’est pas à répéter.
Elles ne se sont jamais bien entendue.
Quand l’une dit blanc, l’autre dit noir.
Quand l’une dit toujours, l’autre dit jamais.
A croire qu’elles ne sont pas sœurs,
Issues de la même veine, du même moule
Pour s’inscrire chacune dans ce cycle,
Qui les dépasse et les rend inséparables.
Que serait la vie sans la mort, et réciproquement
S’il y en a bien deux qui sont liées
A la vie, à la mort, ce sont bien elles
Malgré ce qu’elles peuvent en dire !
Au lieu de coopérer, elles se chamaillent,
L’une, la vie, dit qu’elle est plus forte que la mort
La mort lui répond qu’elle ne tient qu’à un fil
Et elles se tournent le dos, se font la gueule.
Résultat, tout ce qui vit à peur de mourir
Et ce qui meurt ne sait pas qu’il rend service à la vie
Or, pas un des atomes, pas une des particules ne se perd
Qui tantôt participent de la vie ou de la mort.
Je rêve de les réconcilier, de leur faire comprendre
Que leur antagonisme est sans issue,
Qu’elles ont besoin l’une de l’autre
Non pas pour vivre, mais pour exister.
Que serait la vie sans une fin annoncée,
Sinon une langueur d’une platitude éternelle,
Sans urgence, donc sans espérance, sans désir,
Un ennui mortel, sans la mort pour délivrance.
Que serait la mort sans la vie
Sans cette flamme rouge sang qui perce sa nuit
L’éclaire de sa promesse, l’illumine de ses passions,
Avant de retourner la féconder, en un cycle infini.
Non, vraiment, ces deux là feraient mieux de s’allier
Au lieu de nous prendre comme otages de leurs querelles
Gâchant nos années d’existences
Par la crainte de passer de vie à trépas,
Si elles ne se disputaient plus la prééminence
Si elles acceptaient leur indissociabilité
Nous passerions de l’aile douce et légère de la vie
Au lit moelleux et profond de la mort, sans peine, sans effroi ,
Certains qu’un jour, dans cent ans, mille ans ou une éternité
Nous sentirions à nouveau passer le souffle de l’aile.
Libre à nous, alors, de grimper pour une nouveau voyage
Ou de rester, confinés, bien au chaud, et de passer son tour.
D’ailleurs, toi qui me lit, est-ce ton premier voyage?
On m’a dit que leur brouille n’est pas permanente
Qu’elles ont eu de grandes périodes de réconciliation.
En as-tu profité ? T’en souvient-il ? Cherche bien !
Et sinon, aide moi à les rabibocher. Ça en vaut la peine, non !