Conte du temps réfugié
A l’abri derrière la barrière
Sous un simple chaudron rouillé
Le temps s’est réfugié.
Las de poursuivre sa course.
Chaque génération le poussait à aller plus vite.
Et comme il ne sait pas résister,
Le temps, car il va, il va de l’avant.
Il s’est mis à accélérer, pour faire plaisir.
Et chacun de rêver qu’il pourrait ajouter
Des heures à la course du soleil,
Des minutes au cadran de la montre
Pour gagner, aimer, vivre plus.
Mais bien vite, le temps s’est aperçu
Que plus il accélérait, plus ils en demandaient.
Leur appétit était devenu insatiable
Jamais ils n’avaient assez de temps.
Il ne savait plus fournir ! Aux abois,
Poussé dans ses retranchements,
Haletant, il a retourné les pouces
Et s’est couché sur la mousse.
Il est devenu, ici, l’ami du chèvrefeuille
Des enfants et des amoureux,
Qui viennent cacher leurs jeux mutins
Derrière cette barrière, dans ce coin perdu
Où le temps s’est arrêté.