Les couleurs du peintre
A Mireille.
Lorsque le graveur disparait
Et avec elle, sa palette,
Alors s’en vont les couleurs,
Pour un temps.
Celui de l’adieu.
Le temps d’accompagner le peintre dans son voyage,
De lui en faire voir de toutes les couleurs
Toutes celles qu’elle avait cherchées, imaginées.
Et puis elles reviennent, les couleurs,
Dans leur demeure,
Celle où l’artiste dialoguait avec elles
Au milieu des rouleaux d’encre séchée
Du papier, des pigments et des pinceaux.
Que vont-elles devenir ?
Qu’allons-nous devenir sans toi, Mireille, la magicienne
Qui savait les sublimer, nous sublimer
Qui savait les écouter, nous écouter
Qui savait créer l’harmonie entre elles, entre nous
Qu’allons-nous devenir, maintenant que tu es partie
Et que nous n’avons plus que la transparence de tes toiles
Pour nous rappeler ton regard mutin et bon,
A redonner vie aux papiers et aux enfants délaissés,
A défroisser des certitudes, à déployer des rêves.
Tu es de l’autre côté
Et tu tiens peut-être la main de l’invisible,
Celui que tu as cherché à nous rendre présent,
De toute ton obstination d’artiste.
Il nous reste l’essentiel, une trace, la tienne,
De quoi nourrir notre être confondu de ta perte
Et notre mémoire avide de ta présence.