Les petits matins
Ils sont la langue du jour venue balayer la terre encore endormie. Longtemps, toute une nuit, elle a caché sa face pour laisser vivre et mourir ceux qui ont l'obscurité pour amie.
Alors, bien avant que la crête ne rougeoie, ils se glissent sur la plaine rendant lentement de leurs doigts pastels leurs verts aux coteaux, leurs bruns aux terres, leurs jaunes aux herbes déjà sèchent et leurs rouges aux coquelicots.
Les petits matins hésitent, doutent encore. Ils n'affichent pas de certitudes comme le fera plus tard le grand matin dans l'éclat de la lumière, pour conduire l'activité des hommes.
Ils s'embrument dans le fond des vallées et gravissent les pentes, allant jusqu'à servir de voile pour les épousailles de la terre et du ciel.
Tôt levé, le pèlerin aura la chance d'être leur témoin.
Logrono, le 4 juin 2016
Ma profonde gratitude à Blanca, à la verve et au sourire confondants, qui m'a fourni un des deux dernier lits pour pèlerins restant disponibles sur la ville, en fête ce soir là, dans son albergue Alba, où se cotoient 28 lits dans une grande pièce, impécablement tenue.