Le chemin du petit bonheur
Il lui avait fallu peu de temps pour comprendre que le chemin du petit bonheur n'allait pas le mener bien loin. Tout juste jusqu'au petit lac de la satisfaction et puis vers les villages paisibles au fond de la vallée. Lui avait les yeux fixés en haut, sur le col par où il pressentait que passait le chemin.
D'où lui venait que gravir était le verbe qui s'accordait le mieux à ses aspirations. Il savait bien que l'on ne marche jamais que vers soi. Que ni la distance ni le but n'importe. Que ce qui compte, ce sont les soulèvements à chaque étape où s'accomplit un part d’être et la joie qui en découle. Il n'était pas certain pour autant que ce soi vers lequel il cheminait se situait en haut, au delà du col. Un vague sentiment lui indiquait même que le soi s'inscrivait chez lui en creux.
Oubliant ces sentiments contradictoires qui le maintenaient sur place, il se mit en marche. Et ce qu'il découvrit est qu'au fur et à mesure qu'il s'élevait se creusait en lui l'espace dont l’être avait besoin pour grandir en lui.
Au col, il eut ce petit soulèvement qui ne trompe pas, accompagné d’une joie qui, si elle n'était pas la plénitude, portait en elle l’évidence qu'il lui fallait poursuivre.