Le cœur du monde
Si les moines et les moniales abritent leur silence derrière des murs, ce n'est pas que le monde les indiffère, c'est au contraire qu'il sont au cœur du monde.
Si vous restez éveillés, vous verrez parfois leurs prières monter du milieu de la nuit comme des mains heureuses partant envelopper le monde. Ces mains jointes s'ouvrent alors à la nuit des hommes pour recueillir dans leurs paumes joies et misères errantes et leur offrir l’abri sûr d’un cœur de moine ou de moniale.
Car ce cœur, habité de silence, est vaste et solide comme une grange ou une église, selon qu'on se sente bien dans ou l'autre des édifices. Au milieu, comme un lumignon, luit une présence auprès de laquelle chacun peut venir se réchauffer.
Car cette présence au cœur du cœur du moine dispense une chaleur à nulle autre semblable, accumulée au fil des heures de leur travail, leur travail de moine et de moniales qui est prière autant que pierre.
Car la pierre des monastères abrite le cœur du monde.