Clair-obscur
A vouloir luire sur les bons comme sur les méchants, le jour ne nous a pas simplifié la tâche.
Le monde serait plus simple si ceux qui ont de sombres desseins étaient dans l’ombre.
Cela permettrait aux esprits éclairés de les reconnaître.
Oui, mais voilà, le jour en a décidé autrement. Il nous a laissé la liberté d’être pour toujours ou pour un jour bons ou méchants, les autres n’y voyant que du feu.
Lequel feu éclairant le méchant, celui-ci peut saisir la chance de devenir bon, éclairé cette fois de l’intérieur, par le feu sacré qui nous habite. Tant que ce feu brille en nous, tout est possible.
Mais s’il s’éteint, nous restons comme consumés, réduits en cendres. Il n’y a plus grand chose à faire. A part, peut-être, tenter de ranimer la flamme.
J’en connais qui y sont arrivés. Ils se sont mis de mèche. Et crac ! Ils se sont enflammés l’un pour l’autre.
Ah, quelle force, mes amis. Le jour ne savait où se répandre assez pour les inonder de lumière. A tel point qu’ils durent se cacher du jour pour entrer dans leur nuit. Pas la nuit de noces, non, la nuit des amants de la vie.
Celle d’Héloïse et d’Abélard, de Martine, de Kevin, d’André, de Leïla, de vous, de moi, la grande nuit qui nous transforme et nous invite au bout de notre destinée, où il n’y a ni bons ni méchants, mais des justes saisis par un amour incommensurable des autres.
Une nuit si intense qu’elle ouvre sur un jour sans fin.