A Dieu Vat !

Publié le par Denis

A Dieu Vat !

A Dieu Vat ! s’était-il entendu dire
alors qu’il n’était encore que promesse. 
Et il y alla, sans bien savoir où se diriger. 

Il croisa l’oiseau diseur de bonne aventure
qui commença par lire les lignes de sa main
et l’assura d’une belle et bonne vie à venir. 
Il ajouta que pour atteindre son but, 
le plus sûr était de se diriger vers le couchant
là où tout s’accomplit. Puis il lui dit : adieu ! 

Il s’en fut, en suivant la course du soleil,
jusqu’à une rivière chantant sa mélopée
et devant laquelle il resta médusé.
Son chant charriait toutes les vicissitudes
que le cours d’une existence pût croiser,
ponctué par un : ne reste pas là ! Adieu, va !

Il poursuivit sa route et atteignit un carrefour
au milieu duquel se tenait un arbre séculaire
dont les fruits avaient l’apparence de couleuvres.
Le tronc lui dit : « mange, c’est sans risque ».
La seconde qu’il avala innocemment lui révéla
le sens de l’existence dans ce seul mot : à dieu !

Connaissant la direction et le sens de toutes choses
Il n’avait cependant toujours pas idée de sa tâche
Lorsqu’il tomba sur un jardinier aveugle
qui le fit voyager dans les racines d’un rosier. 
Il le vit se nourrir de la sève qu’il suivit vers la fleur
et entendit le dernier pétale lui dire en tombant : adieu !

La terre qui venait de recevoir ce délicat présent
lui fit montre de sa grande mansuétude
Et le prit dans son vivant manteau d’argile.
Il assista au pétrissage lent de la matière
Et lorsqu’il demanda à qui était-elle destinée,
Il eut comme toute réponse : A dieu

Comment échapper à son destin, se demandait-il
Lorsqu’assoiffé, il arriva à une source bleue.
Il bu et eut, dans ses paumes jointes en offrande,
la révélation de l’eau, fluide et insaisissable 
Lui murmurant : vois, je coule, irrigue, étanche 
puis je disparaît du regard. Je ne suis qu’adieu. 
 
Il atteignit le couchant un soir de grande plénitude,
habité par les multiples a dieu qu’il avait reçu.
Rassasié de jours, il s’allongea et fit un feu. 
Les flammes, dans leur danse, lui apprirent
en apparaissant puis disparaissant tour à tour
qu’était venu pour lui le temps du dernier a dieu. 


Elles l’invitèrent à laisser leur lumière le consumer.
C’est alors qu’il pu, rayonnant d’une conscience nouvelle
saisir le sens caché du premier A Dieu Vat ! 

Publié dans 'poétie'

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E
Quelle beauté, quelle belle inspiration; merci Denis
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