La ronce
Comment s’est-elle trouvée ornée de cette corolle au matin du premier de l’an, elle ne le saura peut-être jamais.
Elle qui est une des rares feuilles encore présente en hiver, à peine a-t-elle senti, dans la nuit, le froid la visiter.
Par vagues successives il a invité chaque goutte à se ranger sur son contour avant de les saisir de sa morsure.
Le cristal délicat a pris forme, sagement comme sous les doigts de la dentelière, laissant limbes et nervures inaltérés.
Tout le jour la forêt ainsi parée a fait la fête à ses ronces, d’ordinaires ingrates au passant, les laissant exhiber leurs diadèmes d’argent.
C’est un souffle chaud venu de la vallée qui a sonné la fin de partie dès le lendemain. Par larmes successives, les gouttes ont rejoint le sol.
Il faudra à la ronce attendre d’être couverte de mûres en été pour attirer à nouveau le regard et voir s’écorcher des mains à ses épines.