Affranchie
Elle se tenait au volant, ivre, non pas d’alcool, mais de liberté.
Elle venait de se défaire d’un lien qui la rendait esclave.
Sur la route, chaque virage était l’arc d’une aile,
Chaque ligne droite, une flèche tendue. Elle volait.
*
Au dehors la campagne souriait à sa joie.
Les pairies ruisselaient de mille corolles
Les collines, ne voulant pas être en reste,
Dansaient, soulevant leur tablier de forêt.
*
Elle goûtait l’instant d’une jeune éternité
N’ayant pour autre limite que sa propre vie.
Du creuset d’où suintait hier encore la peur
Débordait une plénitude de conquérante.
*
Elle avait vaincu. Elle n’était plus dominée
Par la servilité qui l’avait faite ombre et douleur.
Elle savait désormais que nul ne viendrait plus
Lui voler le souffle qui l’habitait profondément.