Mendiants célestes
Il me reste encore des pans de l’aube
Dont je n’ai pu m’habiller le cœur.
Tenez, je vous les donne. Couvrez-vous !
*
Les ciels ne sont doux qu’aux nantis.
Ailleurs, ils mordent les chairs
Des pâles naufragés des rues.
*
D’une main, elle tient la tête de son enfant qui tête
De l’autre elle attend de l’azur
Qu’il inonde sa couche de bitume.
*
L’homme devenu père offre au ciel un visage
Sur lequel affleure la honte.
Il ne tend pas la main. Elle serait pardonnée.
*
Un calice en carton posé sous la pluie
Attend la consécration des nues
Pour transformer les maigres pièces en eau de la vie.
*
Ils passent et saluent poliment, conscients du désastre.
Il ne leur reste que peu de ciel en eux même
Pour accueillir ces mendiants célestes.