L’ombre d’un doute
Il avait accueilli le doute comme on accueille un doux ami, sans méfiance, sensible à son apparence de creux et de courbes, en pleins et déliés.
Mais au fil du temps, le doute était devenu encombrant, assombrissant progressivement toutes les pièces de sa maison,
Tant qu’il l’a chassé, lui demandant d’aller trainer son ombre ailleurs.
Il a alors invité la certitude à partager sa demeure.
Et tout est devenu lumineux. Il faisait jour chez lui.
Il avait désormais sur tous les sujets un point de vue éclairant voire définitif.
Il parlait d’autorité, affirmant dans un langage clair des vérités limpides,
Sans l’ombre d’un doute, puisque la certitude l’habitait.
Il finit par ne plus laisser place à aucun sentiment contradictoire, ni à aucun avis contraire au sien. Cette lumière devint si vive qu’elle finit par l’aveugler, l’empêchant de voir sa triste réalité. Il était devenu seul, abandonné des esprits éclairés.
C’est alors qu’il appela celui qu’il pensait pouvoir atténuer de son ombre la lumière si vive qui l’éblouissait.
Il fut désormais habité par le doute et par la certitude, mi ombre, mi lumière au gré des rayons de la roue de sa vie.
Il se glissa alors dans un tableau de Vermeer.