L’obstacle

Ce rocher qui se dressait devant lui sur le chemin, 
il chercha d’abord à le contourner. 
Mais les ronces piquantes, mêlées aux fougères coupantes, 
eurent bientôt fait de l’en dissuader. 

Se persuadant que le seul moyen d’aller de l’avant
était de vaincre l’obstacle dressé devant lui, 
il posa ses mains sur la pierre rugueuse
et en commença l’ascension.  

Par trois fois, son pied glissa sur une des saillies
et il se retrouva au bas de la roche
plus démuni encore qu’à ses débuts,
l’esprit abattu et le corps endolori. 

Toutes les maximes reçues dans sa jeunesse
dont celle qui l’avait toujours rassuré, lui rappelant que :
“rien ne lui sera demandé qui serait au-dessus de ses forces”
se révélèrent inefficaces à lui redonner espoir. 

Il lui fallut attendre l’heure propice où, 
au bout du désespoir, il consentit à n’être
plus qu’un vivant parmi d’autres vivants
acceptant d’être mû par ce qui le dépasse.    

Le soleil se frayant alors un chemin parmi les nuages
eût tôt fait d’aspirer l’humidité de la roche
et lui-même, avide d’être restauré dans son être
reçu cette lumière comme on reçoit un vêtement nouveau. 

Lorsque son corps franchit l'arête sommitale
il ne put se dire qu’il avait vaincu l’obstacle.  
Tout juste monta en lui une immense gratitude
qui depuis lors ne le quitte plus.