Le clocher

-" C'est drôle, j'ai l'impression que plus je fais sonner le bronze de mes campanes et moins on m'entend. Y a quelque chose qui cloche ! “

Ainsi s'interrogeait le brave clocher de ce village rural dont les habitants prenaient soin pourtant, comme d'une relique témoin de leur passé. 

-”Oh, je ne pense même plus à les appeler pour la messe. La messe elle ne se dit plus qu'à la ville. L'angélus, ils ne l'entendent pas dans le bruit des machines ou devant leurs écrans. Alors j'y ai renoncé. Avant je sonnais les demis, et puis c'est devenu toutes les heures, et maintenant depuis que des gens se sont plaints, je ne sonne plus que le matin, et encore pas trop fort, le midi et le soir. Là j'y vais de toutes mes harmoniques, parce que c'est l'heure où les gens rentrent chez eux. 

Pour être honnête, il y deux autres moments où je me sens encore utile parce que les gens entrent non pas chez eux, mais dans l'inconnu ; c'est pour les mariages et les enterrements. Et pour calmer cette inquiétude là, mes deux cloches ne sont pas de trop. 

Va, comme m'a dit le collègue du village voisin, sois rassuré ! On a de longues années encore devant nous, tant qu'il y aura des gens sur terre.“