La Toute Vivante
Quelque chose de l’été brille en elle,
quelque chose de vif et rayonnant
comme un soleil de midi en juillet
Quelque chose de l’automne, cependant
peut affleurer certains jours
où il lui faut puiser dans ses racines.
Quelque chose de l’hiver l’habite
où elle se retranche parfois
lorsqu’en elle neige le silence
Mais c’est quelque chose du printemps qui
la plupart du temps se déploie du tréfond
en une force généreuse et créatrice.
Elle est la vie en toutes saisons,
elle est la sève et le bois, la fleur et le fruit.
Elle nous a enfanté, elle est la Toute Vivante.
Est-elle terre, mère ou déesse ?
Je ne sais. Je sais seulement
qu’elle est le principe par qui tout advient.
La roche lui doit sa dureté de roche,
le pétale sa fragile et lumineuse beauté
et le poulain la grâce de sa course.
En son ventre réside le germe
en ses bras réside la tendresse
qui donne au germe le goût de s’élever.
Elle a avec le ciel une connivence
qui lui permet d’être ciel elle-même
et d’embrasser toutes les étoiles.
Lors d’enfantements douloureux
elle lui adresse toutes ses larmes
qu’il lui renvoie en gouttes de pluie.
Et chaque fois qu’un souffle s’éteint
elle redistribue les particules inanimées
et garde précieusement l’information.
En elle, toutes les aubes et tous les crépuscules
en elle tous les instants, depuis le premier,
depuis celui qu’elle a poussé dans le vide
et qui a donné naissance au temps
et dans le temps, à cette parcelle
où la vie a choisi de se déployer.
La vie qui est sa fille bien aimée
à qui elle a confié la tâche insensée
de faire advenir l’homme et la femme
afin qu’ensemble ils enjambent le vide
entre l’argile et les végétaux,
entre la plante et l’animal
et enfin entre le monde créé, infini
et le monde créateur, aimant à l’infini
où elle se tient, la Toute Vivante.
Comme il est étrange et incongru
Ce nom masculin qu’on utilise
le plus souvent pour la nommer.