La vie, dans tous ses états

Publié le par Denis

La vie, dans tous ses états

La vie n’est pas chose raisonnable,
qui ne se laisse pas raisonner,
Les philosophes le savent bien,  

Elle n’est pas non plus admirable, ni détestable,
autant de qualificatifs dont la vie se contrefout
comme de sa première chemise,

dont les boutons ont tous craqué, d’ailleurs 
lorsque le souffle s’est emparé d’elle
par surprise, comme ça, dans son sommeil.

Venue de nulle part, elle était poussière 
tombée dans une argile incertaine
sur une planète jusque-là tranquille. 

Et puis le souffle la révèle à elle-même.
généreuse, foisonnante, exubérante, 
Dès lors, elle n’a de cesse de se propager. 

Comment aurait-elle pu tenir dans un vêtement, 
elle qui ne rêve que d’embrasser la terre
d’animer ses océans, de faire chanter son ciel ?

Elle est tout amour, la vie, à ses débuts,
elle ne pense qu’au bien, au beau
avant qu’elle ne rencontre le temps. 
 
Le temps immobile avec ses aiguilles
qui comptent en millions d’années
comme en millièmes de seconde. 

Voilà que le temps la pique avec ses aiguilles
et voilà que le venin de l’urgence s’empare d’elle
et voilà que la vie risque sa vie. 
 
Alors elle se multiplie pour ne pas disparaître 
quitte à se nourrir d’elle même 
et voilà que la violence s’empare d’elle. 

Des becs crochus, des griffes lui poussent
Elle invente les territoires, le combat, la loi.
Elle a une horloge en elle qui fait tic tac.


Elle se sait seule au monde, dans l’univers.
Alors dans un dernier effort elle invente 
L’homme. C’est lui qui va la protéger.

Et l’homme se promène en son jardin
Il l’entoure de mains heureuses
Il prélève selon sa faim et la vie lui donne sans méfiance. 

Et un jour ça dérape. La cause… un mystère ! 
L’homme développe de la concupuissance, 
un mal étrange qui ronge les liaisons intimes avec la vie. 

Il ne comprend pas ce qui lui arrive
Il se détache de celle qu'il est censé protéger. 
Il n’hésite plus à la maltraiter, pour son profit. 

Au milieu des villes, il perd le sens des arbres.
Il n’est plus lui même dans les champs, les forêts,
sur terre dont il s’accapare l’essentiel des ressources.

Alors la terre, épuisée, s’adresse à la vie :
toi qui a inventé l’homme qui aujourd’hui se retourne contre nous
Fais qu’il s’en aille et que je n’entende plus parler de lui. 

Et la vie qui est foncièrement bonne, hésite. 
Elle a mis tant d’espoir en lui. 
Pour le sauver, elle tente un ultime remède, la saignée.  

Beaucoup de sang coule sur la terre,
La plupart ne s’en remettent pas, perdus dans leur fatuité
et disparaissent, le corps agrippé à leurs biens.

Survivent les sobres qui ont gardé leurs racines à la terre.
La sève vient se mélanger à leur sang devenu pauvre
et les délivre de la concupuissance. 

Sur une terre apaisée, la vie va reprendre son cours,
inquiet, le cours du temps immobile avec ses aiguilles
qui tournent, imperturbables dans l’espace temps.   

Mais en l’espace d’un instant, grâce à l’homme nouveau,
elle réussit à grimper sur les aiguilles du temps
et se joue désormais du tic tac qui lui imposait sa loi. 

Elle n’a plus besoin ni de gardien, ni de protecteur
elle redécouvre la plénitude qui l’avait quittée
et avec elle l’éternité !

La vie n’est pas chose raisonnable
qui ne se laisse pas raisonner. 
Les poètes le savent bien. 


 

Publié dans 'poétie'

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