Que faire de la joie ?
Que faire de la joie, une fois trouvée, sinon la prendre !
La prendre dans ses bras, la caresser, la cajoler,
Lui dire qu’on ne la quittera plus
Maintenant qu’elle vous a rendus à vous même.
Apprendre ses ressorts, ses mimiques, ses facéties, ses secrets
Apprendre à la retrouver là où elle se tient,
Avec sa robe légère et son goût de friandise sur les lèvres.
Elle ne s’impose pas, la joie. Elle a besoin d’être désirée.
Elle ne fait pas le poids face aux passions tristes dont on fait les romans.
Elle, dont la légèreté est celle du papillon au moment où il se pose sur la fleur.
Mais si elle sent, par la porte entr’ouverte, un parfum de violette
Elle sait que vous êtes prêt à la recevoir, à lui offrir son espace.
Alors elle s’insinue dans votre chambre intérieure, qu’elle repeint petit à petit.
Elle commence par dérider le front, puis passe aux pommettes qu’elle relève
Elle s’attaque au foie, à la rate, à tous les viscères qu’elle lave et dénoue
Pour finir par le regard qu’elle rend limpide comme l’eau d’un vase fraichement renouvelée.
Si vous prenez la peine de lui offrir un ciel pour s’ébrouer
Ne soyez pas triste lorsqu’elle vous aura quitté,
Vous saurez qu’elle disperse vos poussières dans l’azur
Pour vous revenir plus neuve et plus pimpante qu’avant,
Et diffuser du plus creux de vous et la sève et le souffle.
Que faire de la joie retrouvée, sinon la prendre et la garder !