XI - La branche et l’oiseau

Publié le par Denis

XI - La branche et l’oiseau

Elle n’avait pas prévu qu’il se pose ainsi,
Je veux dire à cette heure là, précisément
où il est censé chercher sa nourriture. 

Lorsque l’oiseau souffrant s’établit sur la branche
elle sait que ce sera pour longtemps
car des gouttes de sang l’atteignent.

Elle ne connaît pas le goût du sang, 
elle ne sait pas ce que c’est d’être chassé.
Elle découvre la vulnérabilité de l’animal.

Elle apprend qu’il a été la proie d’un plus fort
et n’a dû son salut qu’à un hasard heureux.
- Ton monde est bien cruel, lui assène-t-elle 

- La vie se nourrit de la vie, lui dit l’oiseau
Elle me dicte de chasser autant que d’être chassé.
Ainsi se succède-t-elle à elle-même, sans fin.

Le champignon s’offre à la langue de la limace
comme l’herbe s’offre en pâture, dès le germe
et comme tout animal s’offre à son prédateur. 

- Mais pourquoi la blessure, pourquoi le sang ? 
- Toute transformation s’accompagne d’un dû,
dit l’oiseau, avant de conduire à la libération. 

J’ai échappé à cette agression, pour cette fois.
Peut-être vais-je guérir, peut être vais-je mourir,
seule, la certitude d’avoir servi la vie m’habite. 

La branche se souviendra de cette échange
lorsque, tombée à terre des années plus tard, 
montent du sol larves et insectes qui s’en nourrissent.  

 

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