Elévation
Je sais des chemins aveugles sous l’écorce,
Que la sève emprunte, silencieuse,
Pour se hisser au sommet des arbres,
Guidée par sa seule volonté de nourrir
Jusqu’au dernier bourgeon né au cours de la nuit.
Ces chemins n’ont du ciel qu’une vague idée,
Mais ils tendent tous de répondre
A un secret espoir, tapi au creux de l’arbre
En ses racines comme en son feuillage,
Celui de relier la terre et le ciel.
Aucun pouls ne bat sur ces chemins
Que parcourt le sang de la terre.
Le flux n’a besoin d’aucun cœur pour s’établir.
Il est pure tension entre le sol profond et le ciel infini
Entre ténèbres et lumière.
Tous ces chemins n’ignorent nullement
Participer de cette anagogie végétale,
Ils n’existent que pour canaliser cette force
Que l’arbre emprunte à la terre nourricière
Et restitue en vivante offrande au souffle du vent.
Il devient l’intime de ces secrètes voies
Celui dont les bras enserrent l’arbre
Et dont l’oreille épouse la rugueuse écorce.
En se fondant à cette lente ascension
Il se sait relié à ces chemins d’élévation.