Une grande fâcherie

Publié le par Denis

Une grande fâcherie

Un jour le ciel a été retrouvé en larmes, pleurant ses dernières illusions.
Il faut dire que la terre lui en faisait voir de toutes les couleurs. 

Elle avait commencé par lui cracher des mollards de plus en plus gros,
sortis de fusils puis de canons qui ne cessaient de se multiplier

Jusque là le ciel n’avait rien dit ou si peu, mais il était chagrin. 

Puis elle lui a lancé des grandes gerbes de feu issues de ses forges nucléaires. 
Plus récemment elle l’a troué de part en part, de pôle en pôle. 

Là, le ciel s’est un peu fâché et à commencé de se mettre sous pression

La terre, qui n’avait toujours pas compris, a continué de faire pétarader 
ses moteurs à explosion, à brûler ses forêts et à éclairer ses nuits.

Le ciel a eu de plus en plus de mal à contenir ses nuages chargés à bloc.

Et un beau jour, à la dernière crasse qu’elle lui fit, il a craqué. 
Il faut dire qu’elle avait fait fort, la terre. Elle l’avait incendié! 

Le ciel, à l’occasion d’une énième surchauffe, en avait pris plein son grade.

Se voyant traité de tous les noms, de couvercle mal dégrossi
de vieille soupape coincée, bref, d’empêcheur de tourner en rond, 

Il finit, le ciel, par ne plus pouvoir se tenir au dessus d’elle et lui tomba dessus.

Ce furent des torrents qui s’abattirent sur les toits, les prairies, les vallées,
emportant pêle-mêle les autos, les usines d’armes, les fabriques à neutrons

Il se lâchait, le ciel, sur tout ce qui lui avait chauffé les oreilles depuis des années.

La terre ne rigolait plus, qui voyait ses joujoux les plus précieux finir à la mer 
et ses villes s’effondrer sous des torrents de boue dévalant des collines.   

Le ciel, dans un dernier hoquet de chagrin, noya jusqu’au dernier vivant. 

Trempée comme une serpillière, dégoulinante de honte et d’eau
La terre s’en fut, loin, espérant trouver d’autres cieux plus cléments 

Le ciel se referma sur lui même, rongé par le chagrin et le remord.

Cette histoire est vieille comme le déluge, c’était dans un autre temps.
Depuis la terre a retrouvé un ciel tout neuf et, ma foi, ils s’entendent assez bien. 

Le nouveau ciel a aspiré l’eau dans ses nuages et la terre s’est ressuyée.

Des volcans se sont rallumés et des plages sont venues se dorer au soleil. 
On dit même qu’il pousse des pattes aux poissons, qui eux avaient survécu.

 

 

Publié dans 'poétie'

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