L’immigrée

Publié le par Denis

L’immigrée

(Une modeste contribution pour accompagner le travail des parlementaires sur la loi immigration)

 

Elle n’est pas désespérée la jeune mère 
assise sur le boudin gris du bateau gris. 
Elle a traversé des déserts
affronté des hommes qui lui voulaient du bien
Elle serre son enfant contre elle. 

Elle n’est pas désespérée la jeune mère
car elle a choisi pour lui un destin autre, 
autre que les privations et la maigreur,
autre que les ailes noires de la misère.
Elle a cousu sa vie passée dans son sac.  

Elle n’est pas désespérée la jeune mère 
lorsqu’elle sent une terre frémir sous ses pieds, 
une terre qui n’a pas la couleur de sa terre. 
et dans laquelle il lui faudra se fondre
car elle sait que ce sera sa terre à lui. 

Elle n’est pas désespérée la jeune mère
lorsqu’elle s’installe dans le taudis 
auprès d’un parent qui lui demande l’argent,
l’argent qu’on lui donne après s’être donnée.
Elle ne dit pas qu’elle en garde, pour lui. 

Elle n’est pas désespérée la jeune mère
lorsqu’elle pénètre dans le bureau vitré
avec l’enfant et qu’elle en ressort seule. 
Elle essuie des larmes puis redresse la tête.
Elle sait qu’il aura ce qu’elle ne peut lui donner. 

Elle n’est pas désespérée la mère
du jeune garçon, quand elle le retrouve,
sur le banc du square, près de son foyer.
Il est beau. Il tient un bouquet de violettes.
Elle sait déjà que la maladie la ronge.

Elle n’est pas désespérée la mère
qui, de là haut, voit son fils dans sa robe d’avocat
plaider la cause d’une jeune immigrée
à qui on veut enlever son enfant.
Du ciel des mères, elle se sait l’élue.   

 

Publié dans 'poétie'

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E
Il serre le coeur ce texte...il est beau
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