Le monde
Le monde va mal !
Le monde souffre !
Le monde est en perdition !
Mais savent-ils seulement ce qu’ils disent
les prophètes de malheur ?
Et d’abord, de quel monde parlent-ils ?
Ont-ils idée de où commence le monde?
Et où il finit ?
Certains affirment même que notre monde
est sur le point de basculer dans un autre monde,
Sans répondre au préalable à la question :
Est-il tout seul ou sont-ils plusieurs à s’appeler le monde ?
Et puis ce n’est pas parce que certains abîment le monde
qu’il va aller se jeter dans je ne sais quel abîme.
Le monde n’est pas si fou. Il a les pieds sur terre.
Oui, mais d’autres disent que la terre n’étant plus trop en état de soutenir le monde,
il serait tenté d’aller voir ailleurs ; Mars, Vénus, Jupiter… plus loin encore,
et d’ajouter qu’il faut se préparer à suivre le monde,
avant tout le monde.
Mais tout le monde ne partage pas cette idée
Une bonne partie du monde tient à son petit monde
dans lequel il se sent bien. Son monde à lui.
Eh ! Il faut lui reconnaître cette qualité au monde,
c’est de prendre les dimensions qu’on lui donne.
Certains ne se voient vivre que dans le grand monde
où ils rêvent de briller comme une étoile
d’être le centre du monde, les dispendieux en somme.
D’autres acceptent de vivre plus sobrement, dans un monde plus restreint,
ceux là mêmes qui voient dans une noix tout un monde,
et sont capables de concentrer le monde dans un regard,
Ceux là ont au préalable recueilli le monde en eux
Ils lui ont fait de la place, en éliminant le superflu.
Ils n’ont plus besoin de courir le monde, ils l’ont en eux.
Vous allez me dire , ils accaparent le monde. Non !
Le monde appartient à tout le monde.
Il est chez lui partout pour peu qu’on l’invite à prendre sa place.
Ce sont ceux qui tracent les frontières, qui construisent des murs
pour séparer les gens qui accaparent le monde.
Il vit cela comme des entailles profondes faites dans sa peau.
Alors heureusement qu’il trouve des gens où il peut venir, le monde,
se faire réparer. Et ça ne peut pas se faire en rase campagne
ça se fait dans un abri, bien au chaud, tout près du cœur.
Et ils sont plus qu’on ne le pense, ceux qui à la suite de ça
sont tombés en amour avec le monde, ne l’ont plus quitté
en ont fait leur monde intérieur, bien plus riche que le monde extérieur.
Ils n’ont pas renoncé aux collines, aux forêts, aux vastes océans
ni aux plantes ni aux animaux qui y vivent.
Ils sont devenus ces collines, ces plantes, ces animaux et le lien qui les unit.
Prophètes de malheur, arrêtez de jeter le monde aux orties.
Il disparaîtra peut-être le monde de pacotille qui est le vôtre
avec ses navires de croisières et ses grosses berlines.
Mais il ne disparaîtra pas celui qui se tient dans le cœur de ses amoureux
parce qu’ils ne cherchent pas à l’exploiter mais à le protéger
parce qu’ils sont simples et qu’ils ne cherchent qu’à l’aimer,
parce qu’il est éternel, de tous les âges,
parce qu’il a de quoi nourrir tous les rêves des enfants,
parce qu’il n’a pas fini de nous étonner, le monde.