La loupiote

Publié le par Denis

La loupiote

Dans le cœur de l’hiver brille une lumière, 
plutôt pâle et menue, 
du genre loupiote, à luire
sagement et sans prétention.   
Seule, elle s’est risquée à lui tenir compagnie, 
lui qui a les extrémités si froides
et le regard glacé. 

Il fallait bien que quelqu’un veille
sur la vernalisation des grains, 
la dormance des plantes
et l’hibernation des animaux. 
Car beaucoup ont peur du noir
et ne se seraient jamais endormis
sans sa présence bienveillante.  

Entre l’hiver et sa petite loupiote
règne une tacite entente. 
Lui se charge d’engourdir tout ce qui vit,
de le plonger dans une hébétude salutaire.
Elle se tient là, auprès du vivant transi
comme, à son chevet, on tient la main
d’un ami alité sous d’épaisses couvertures.  

A la chandeleur, lorsque l’hiver se retourne 
il laisse entrevoir par le pan de sa chemise
la faible lueur de sa loupiote. 
Chacun de reprendre alors courage
et se prendre à rêver de soleils
apparaissant sous forme de crêpes luisantes
dans un ciel parsemé de cristaux d’étoiles sucrées.

Comme il est long alors le temps
qui sépare encore du réveil de la nuit. 
Comme elle est vaillante la loupiote
qui tiendra jusqu’à l’aube raffermie
où elle sera soufflée par l’haleine du printemps. 
Blottie au fond de sa grotte, mais ravie 
Elle verra chacun ses protégés reprendre vie.

Cette loupiote, humble et discrète
comme la présence du germe dans la graine
Sur lequel le froid n’a pas prise
comment l’oublier !  
Elle qui m’a tenu la main
Lors d’un de mes hivers. 
Il faisait si froid. Elle était si frêle. 

Publié dans 'poétie'

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G
Quel bonheur de découvrir cette lueur qui va éclairer ma journée et sans doute les suivantes. oui le printemps approche j'ai même eu la surprise d'accueillir un papillon orange noir et blanc sur mon balcon mi janvier !!
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