Désir d’alliance
C’est le privilège de l’homme
et la cause de son tourment ;
dès que le monde s’ouvre à lui
apparaissent les premiers désirs.
Ils naissent par dizaine, au long des jours,
le faisant échouer au gré des vents
sur les rives de la satisfaction
ou les écueils de la frustration.
Mais parmi ces innombrables,
il en est un cependant qui ne cesse
de le tenir en eaux profondes,
là où il ne court aucun risque.
Ce désir est étranger à l’appel
de toute forme qui lui donnerait prise.
Ni l’écume ni la vague ne l’ébranlent
tant il est ancré au tréfonds du mystère.
C’est lui qui fait exister l’autre
et le revêt de sa robe d’altérité,
faisant de lui un être splendide
digne d’entrer dans l’arche qu’il établit.
C’est lui qui se porte vers les égarés.
Il a des bras innombrables.
Il a des mains à tous les bras
qui cherchent celles qu’il pourra tenir.
Avec ses ailes de colombe
il traverse les frontières en riant.
Jamais aucun tyran n’a pu le soumettre.
Toujours il a traversé leurs murs.
Souvent il s’offre les services de la beauté.
C’est lui qui anime le pinceau du peintre,
les pieds de la danseuse, les yeux du clown.
C’est lui qui dicte les mots du poète.
Il peut prendre mille aspects,
il pourrait porter mille noms,
ce désir qui n’en finit pas de m’émerveiller.
J’ai choisi de le nommer désir d’alliance.