Abandon
Chaque soir,
Le jour vient à l’encontre de la nuit,
Pour s’y dissoudre et se régénérer.
Et faire la part belle au matin.
Chaque soir,
Des corolles, quelque part sur la terre,
Se closent sur elles-mêmes pour enfermer la lumière
Et la rendre au matin en dix, cent ou mille couleurs
Chaque soir,
Des pierres longuement caressées par les rayons du jour
Se laissent rafraîchir par la brise vespérale
Pour dispenser leur chaleur à la vie nocturne
Chaque soir
Le grand sommeil vient fondre sur les espèces diurnes
Leur apportant à foison les rêves et les songes
Dont ils feront des matins joyeux ou inquiets, c’est selon.
Chaque soir
Invite à glisser dans le mouvement de l’abandon
Qui ressemblerait à s’y méprendre à une mort,
Si chaque matin ne venait, avec ses doigts de velours,
Susciter le jour.